Nous nous sommes entretenus avec Mike Pravisani, le coach de l’équipe des Dames du Black Star. Ancien joueur d’Ettelbruck et de Larochette, il a commencé en tant que coach a Kehlen et entraîne les dames du Black Star depuis la saison 2020-2021.
Mike, tu es l’entraîneur de l’équipe des Dames du Black Star Mersch. Vous avez fait un début de saison très convaincant, 9 victoires sur 11 matchs. Quelle est ton analyse ? Est-ce que cela correspond aux attentes que tu avais en début de saison ?
Je savais dès le départ que cette équipe a un potentiel énorme, c’est pourquoi je m’étais fixé des objectifs ambitieux. C’est un bel instantané quand on regarde notre 3e place actuelle dans le championnat.
Nous avons réussi à nous mettre dans une position où nous avons les moyens de nous qualifier pour les play-offs.C’est une saison difficile vu le covid, il y a des imprévus, il faut faire avec. Mais je suis satisfait quand je regarde l’évolution des jeunes joueuses.
Quelle suite pour la saison ? Quel est l’objectif ? Quelles améliorations sont encore nécessaires pour y arriver ?
Mon objectif premier était de transformer ce groupe composé de bonnes joueuses individuelles en un groupe qui fonctionne en tant qu’équipe, sur le terrain de jeu autant qu’en-dehors du terrain. Je suis content que cela ait marché rapidement (parce que les joueuses ont la mentalité qu’il faut). Cela s’est rapidement vu sur le terrain, où les joueuses s’estiment les unes autres, où il y a une ambiance collégiale, où chacun se donne pour les autres.
En plus, on a joué les quarts de finale de la coupe contre le Basket Esch. Cela nous donné l’envie de nous mesurer à des équipes qui ont plusieurs joueuses professionnelles dans leurs rangs. Notre objectif est de terminer 1ers ou 2es de notre groupe et de se qualifier pour les play-offs.
Pour atteindre cet objectif, il est primordial que toutes les joueuses soient présentes aux entraînements. Cela nous permettra de garder l’intensité de jeu et le niveau actuel. Car les vrais matchs importants arrivent maintenant. Nous avons tous une mentalité de battant pour le moment, qui nous rapprochera de notre objectif.
Comment réagis-tu quand tu vois que durant match, cela ne va pas du tout, que tes joueuses n’ont pas le moral ? Comment tu travailles la motivation de ton équipe ?
Cela dépend. Il y a des situations où les filles donnent tout sur le terrain, mais les lancers les plus évidents n’atterrissent pas dans le panier, elles ne le font pas exprès. Dans ces cas-là, critiquer ne sert pas à grand-chose. Il faut alors plutôt remonter le moral, faire en sorte que les joueuses croient en elles et que le ballon finira par rentrer. Mais il y a d’autres situations, où 2 ou 3 joueuses sur le terrain donnent 100% alors que d’autres sont à 75% ou moins. Là il arrive qu’on doive être plus dur, réveiller les joueuses, les motiver, faire comprendre que ce n’est pas possible comme ça.
Si je vois que pour une joueuse ou l’autre, les choses ne tournent pas rond, j’essaye de clarifier dans des entretiens individuels. J’essaye simplement de faire en sorte qu’elles aient le moral, qu’elles y croient. Parfois, en termes de motivation, je leur envoie des messages individuels avant les matchs, avec des instructions pour le match. Cela marche.Pour le reste, je ne veux pas trop en raconter, il ne faut pas dévoiler tous ses secrets.
Il y a au Black Star beaucoup de joueuses dans les catégories très jeunes, mais il n’y en a plus dans les catégories Scolaires et Cadettes. Que devrait faire un club comme le Black Star pour avoir des équipes de filles dans toutes les catégories d’âge ?
Ce phénomène existe depuis des années, et pas seulement dans le Basket, également dans da’utres sports comme le Volley-ball ou le Handball. Quand j’échange avec des collègues dans ces disciplines, je vois qu’ils ont les mêmes problèmes. Et ce n’est pas seulement le cas à Mersch, mais cela vaut pour toutes les équipes, mêmes les grandes équipes.
Aussi dommage que cela soit, le basketball n’est plus aussi populaire qu’il ne l’était il y a quelques années. Un des facteurs qui jouent est le fait qu’à la télé on ne voit presque plus de Basket. Il n’y a que le Football qui compte. C’est aussi la raison pour laquelle autant de jeunes rejoignent le football. Les clubs de foot n’ont pas de problème pour recruter de nouveaux joueurs.
Je n’ai pas de recette magique contre la perte de jeunes joueurs avec le temps. Les échanges entre les parents et les joueurs sont importants. Cela aiderait à garder un certain nombre de jeunes joueurs. Je trouverais bien également que jusqu’à un certain âge, tous les joueurs soient obligés de jouer le même nombre de minutes durant un match. Parce qu’on ne sait pas dire à 12 ans si un joueur sera un jour un très bon joueur. Un jeune de 12 ans a des années devant soi et il y a assez d’exemples de grands joueurs qui n’étaient pas parmi les meilleurs quand ils étaient plus jeunes. Et puis, en l’espace d’un an ou deux, ils ont fait des progrès énormes et ont grandi pour devenir des stars.
Puis une autre chose que je n’apprécie pas, c’est de voir comment certains entraîneurs ou même parents crient sur les joueurs et les traitent de tous les noms pendant les matchs. On a parfois l’impression qu’il s’agit d’un veau d’or et ce n’est pas très productif. Beaucoup de jeunes joueurs perdent ainsi la joie de jouer. Et une fois que la joie est partie, il n’y a pas de retour possible et le jeune finit par arrêter le basket.
Raconte-nous quelque chose sur toi à la fin. Comment es-tu arrivé au Basket, quelle est ta carrière dans ce sport, ta plus belle réussite ? Comment es-tu devenu entraîneur et quels sont tes objectifs futurs ?
J’ai commencé le basket à l’âge de 4 ans, au sien du Babybasket à Ettelbruck. J’ai joué pendant 26 ans, à l’âge de 30 ans, j’ai dû arrêter car mon tendon d’Achille ne suivait plus. Je jouais pour l’équipe des seniors d’Ettelbruck à cette époque. Ce n’était pas toujours facile car je n’avais pas toujours énormément de minutes de jeu. Mais j’étais content de pouvoir me mesurer aux meilleurs joueurs du pays et j’ai appris beaucoup de choses durant cette période.
Ma dernière saison était également de loin la meilleure, je l’ai jouée à Larochette. Nous avions démarré la saison comme outsiders clairs et nous avons finis par nous qualifier pour les Play-offs. C’était un exploit auquel personne ne s’était attendu.
Après mon arrêt forcé pour blessures, je n’ai pas mis les pieds dans une salle de basket pendant 2 ou 3 ans. C’était trop dur de regarder les autres continuer à jouer. Il y a 3 ou 4 ans, juste avant le début de la saison, j’ai reçu un appel d’une joueuse de Kehlen, qui me demandait si je m’imaginais dans le rôle d’entraîneur. J’ai fait un entraînement d’essai et le club a fini par m’engager comme coach. C’est comme cela que l’aventure de coach pour une équipe dames a commencé pour moi. Et de cette équipe-là, il y a encore 3 ou 4 filles qui jouent au sein de l’équipe du Black Star aujourd’hui.
Merci pour cet entretien et l’opportunité de mieux te connaître !